Photo de famille : au-delà du partage, la transmission
On peut admettre que l’histoire du portrait de famille remonte aux débuts de la photographie.
Sa fonction première était d’immortaliser des visages, des moments particuliers afin de préserver leur souvenir des outrages du temps.
Au fil des années, la perception du portrait de famille a évolué pour remplir d’autres rôles en tant que capsule temporelle, trésor familial et accessoirement madeleine de Proust.
Aujourd’hui, ce sentiment est renforcé lorsque nos yeux se posent sur de vieilles photos en noir et blanc, certaines datant même des débuts du siècle dernier.
Qu’il s’agisse de nos aïeux ou de parfaits inconnus, les mêmes questions reviennent : qui étaient ces personnes ? comment vivaient-elles ?
Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que plus le temps nous éloigne de l’instant où ces clichés ont été pris, plus leur essence en tant que patrimoine familial prend toute son importance.
Mais les mentalités ont changé : à l’ère du tout numérique, nous sommes passés de la transmission au partage de photos dématérialisées, stockées, supprimées.
Ça reste du virtuel.
Et si cette tendance persiste, ce même patrimoine perdra sa raison d’être mais surtout il n’existera plus.
Pourtant, rien ne vaut l’émotion que procure une vieille photo entre nos mains.
J’en suis venu à m’interroger sur le regard des gens vis-à-vis de ce type de photo qui, plus qu’une prestation, incarne la notion de préservation du patrimoine familial.
Du coup, une démarche de sensibilisation sur le sujet m’est apparue comme un choix naturel.
C’est pourquoi, dans le cadre d’un portrait de famille en studio, j’organise mes séances en deux parties.
La première est consacrée à la prise de vues avec des codes spécifiques, des poses conventionnelles et d’autres plus originales en fonction du ressenti lors de la prise de contact.
Dans ce contexte, cela donne lieu très souvent à des anecdotes et fous rires en tous genres mais fait aussi ressurgir des émotions parfois oubliées.
Vient ensuite la projection quelques jours plus tard pour rappeler ces instants précieux remplis de joies lors de la première séance.
A l’issue de la projection, la famille choisira son support d’impression qui rendra tangible le souvenir de cette belle expérience et aura droit à son équivalent en numérique.
C’est dans cet esprit que je conçois la nécessité de valoriser ce devoir de mémoire.
Car je considère que le numérique c’est du partage, alors que l’impression c’est de la transmission.
Et vous, qu’en pensez-vous ?